L'Écriture automatique
Comment les médiums pratiquent l'écriture automatique ?
Ici encore, métapsychique et spiritisme s'affrontent. Voici l'explication spirite. L'écriture automatique est un moyen relativement simple « d'établir avec les Esprits des relations suivies et régulières » (Allan Kardec). Par ce moyen, ils nous font connaître leur pensée, et nous pouvons juger de leur valeur. Le médium peut développer très vite sa faculté d'écrire sous leur dictée. Pour tenter l'expérience, il suffit de s'asseoir devant une table où est posée une feuille de papier blanc, d'appuyer, sur ce papier, légèrement, la pointe d'un crayon, de ne penser, autant que possible, à rien et d'attendre la manifestation d'une... présence. Un moment vient où la main, comme tenue par une main invisible, se déplace et où le crayon commence à tracer des mots, parfois à dessiner et, dans les débuts de l'apprentissage, simplement des bâtonnets d'écriture enfantine, des cercles plus ou moins vite réalisés, voire même des enchevêtrements informes...
Quand la médiumnité d'écrivain a progressé, le graphisme se clarifie, devient lisible. Dans une impulsion qu'elle ne commande pas, la main, à la fin de la ligne, se reporte à gauche et écrit la ligne suivante. Il arrive aussi que l'écriture n'a plus le temps de se mouler lisiblement. Elle se hâte, dessine un simulacre de texte que le médium lit, en même temps qu'il l'écrit, et qu'il dit à haute voix, souvent de façon peu compréhensible, comme s'il épargnait l'effort de parler, et comme s'il était dans un état de demi-sommeil. Dans ces cas, il doit se trouver près de lui une personne qui note ses propos où même qui les sténographie, car la dictée peut être donnée avec une extrême rapidité. À la fin, lorsque l'Esprit juge que son message est terminé, le crayon s'échappe des doigts. L'épreuve est à son terme. Il n'est que de relire la notation et d'en apprécier la qualité, d'en reconnaître la provenance, car, maintes fois – encore que certaines ne veulent pas dire leur nom, – les Entités signent leurs communications.
Avec un certain entraînement, les médiums parviennent à opérer dans les conditions les plus incroyables. Ils ne demandent pas, autour d'eux, le silence et le recueillement. Il leur est indifférent et même nécessaire que les assistants dialoguent sur les sujets les plus étrangers au travail en cours. Bien mieux, tout en écrivant, ils participent à la conversation. On en voit qui écrivent à la fois de la main droite et de la main gauche sur des thèmes qui n'ont aucun rapport. Il va de soi que, dans ces derniers cas, l'écriture, pour être déchiffrée et comprise, doit être d'une suffisante lisibilité.
L'interférence des Esprits malintentionnés
Il se produit qu'au cours d'un message un autre Esprit vient brusquement se substituer à celui qui dicte. C'est souvent un plaisantin ou un grossier perturbateur. L'épisode peut n'être que passager, à moins qu'il ne dure et gâte définitivement l'expérience. Alors la sagesse est de ne pas insister, de suspendre la séance et de ne la reprendre qu'après que le gêneur s'est lassé et est parti.
Ces Esprits malintentionnés signalent leur venue en changeant le rythme de la main, en lui imposant des bonds, des saccades, des torsions. L'écriture elle-même change aussitôt d'aspect, et il en va de même du langage.
Même lorsque le médium fait connaître verbalement ce qu'il reçoit, il n'a qu'une conscience très superficielle de ses paroles. À la relecture, il reste stupéfait « d'avoir dit cela ». Il s'en souvient par bribes, et, fréquemment, en a tout oublié. En maintes circonstances, ce qu'il a écrit dépasse de beaucoup ses capacités culturelles (Nous avons vu un médium écrivain, ignorant tout de la philosophie, écrire des pages sur la Monade et la doctrine de Leibnitz à ce propas.).
Selon la thèse spirite, dans toutes ces circonstances, l'âme du médium reçoit la pensée de l'Esprit et la transmet. En cette âme, se fait même une opération de transmutation, lorsque l'Esprit pense en une langue étrangère et ne connaît pas celle du médium. Il s'exprime, non par des mots, qui ne seraient pas compris, mais par des vibrations où s'inscrit sa pensée, vibrations qui, par une inconcevable opération d'alchimie psychique, se transforment instantanément pour s'adapter, se conformer à la signification des mots correspondants dans la langue du médium et la syntaxe de cette langue. C'est au moins par ce fait déconcertant pour l'humaine raison que des Esprits de qualité supérieure expliquent la possibilité, pour le sujet, d'entrer en communication avec des « visiteurs » qui pensent et parlent dans un idiome inconnu du médium. Ce dernier dispose, alors, pour la durée de la séance, des capacités d'un interprète.
L'écriture automatique sujette à questionnement
Les métapsychistes, devant les médiums à écriture automatique, ne contestent nullement tout ce que l'on vient de lire, mais se refusent à y voir l'intervention des morts-vivants-en-esprit. Ils n'admettent pas que si le message correspond, même tracé par un illettré, au graphisme, au style et aux idées d'un trépassé qui fut illustre, que ce soit ce mort qui ait fait mouvoir le crayon. Par extension, ils nient la possibilité de relations... spirituelles entre qui que ce soit de l'autre monde – à supposer qu'il y soit quelqu'un – et du nôtre. Il n'est question là, estiment-ils, que d'une personnalité qui a été créé de toutes pièces, par autosuggestion, personnalité factice, arbitraire. Les textes obtenus ne peuvent être considérés comme documents positifs, mais uniquement comme des expressions du subconscient.
Avec raison, le terme : écriture automatique, a été contesté. « Il est inexact si l'on considère qu'il relève d'une seconde conscience, parfois plus riche et plus cohérente que la conscience normale... Le nom d'automatisme est inacceptable pour une activité qui, une fois la personnalité rompue, est essentiellement créatrice dans un champ de conscience plus ou moins restreint. Écriture inconsciente serait une expression beaucoup plus juste (René Sudre, Introduction à la Métapsychique humaine).
La métapsychique veut bien reconnaître que, s'il y a des médiums écrivains chez les hystériques, les somnambules et les « illuminés », il s'en trouve chez des êtres parfaitement saints. Elle établit un lien psychologique entre l'écriture automatique et le rêve incohérent. Elle reconnaît la réalité de cette sorte d'écriture dite « au miroir », où le texte est tracé, renversé, de droite à gauche, texte déchiffrable quand, à un miroir, on présente le feuillet. À son sens, ce n'est-là qu'une modalité des caprices su subconscient. Ainsi en va-t-il des dessins, anagrammes et autres singularités scripturales.
L'Écriture directe
Elle est entièrement distincte de l'écriture automatique où le médium tient le crayon.
Ici, le crayon est logé entre deux ardoises superposées, étroitement ficelées (les nœuds de la ficelle bien cachetés) et ne portant aucune inscription. Le sujet tient en main ce dispositif, qui peut être aussi placé sur son siège ou sous la table. L'expérience commence. On entend, alors, le bruit d'un frottement. C'est le crayon (ou la craie) qui se déplace et écrit ! Après un temps, on coupe les ficelles, on disjoint les ardoises, et on voit que l'une d'elle porte un « message » lisible et intelligible, éventuellement en réponse à une question posée. Des démonstrations de ce bouleversant phénomène ont été effectuées sous le contrôle le plus rigoureux et ont réussi (le médium n'avait pas apporté ses ardoises, qui auraient pu être truquées). Ils fallait, cette fois, éliminer l'hypothèse de la supercherie qui, en ce genre d'exercices, est fréquente. Ce fut le cas des écritures directes obtenues par le grand et insoupçonnable médium W. Stainton Moses. Il opérait à distance, à un étage supérieur de la maison, tandis qu'en bas le graphisme se formait sur les ardoises ou sur du papier placé dans un tiroir de table.
Retenons le témoignage d'un physiologiste réputé, P. Gibier. « Nous avons vu, plus de cent fois, des caractères, des dessins, des lignes et même des phrases entières se produire à l'aide d'une petite touche sur des ardoises que Slade (le médium) tenait, et même entre deux ardoises avec lesquelles il n'avait aucun contact, ardoises qui nous appartenaient, que nous avions achetées nous-mêmes et marquées de notre signature. Lorsque l'écriture s'est produite sur une seule ardoise, c'était en général sous l'angle de la table auprès de laquelle nous nous trouvions. Nous ne perdions de vue ni l'ardoise ni les doigts de Slade, et nous placions parfois nous-même le crayon sur l'ardoise. »
Une autre fois, P. Gibier s'assit sur les ardoises l'une à l'autre vissées. Tenant les mains du médium, il entendit presque aussitôt le crayon se mouvoir. Lui-même, enfin, ouvrit les deux ardoises, et il y lut : « Ces ardoises sont difficiles à influencer. Nous ferons ce que nous pourrons. »
Pour les spirites, l'écriture entre ardoises est directement produite par un Esprit.
Ainsi, disent-ils, peut-on expliquer l'apparition des trois mots : Mané, Thécel, Pharès, sur le mur, dans la salle du festin de Balthazar.
Ils pensent que ces manifestations de l'au-delà ont leurs plus grandes chances de réussir dans les églises, près des tombeaux, et devant les statues ou images des défunts que l'on évoque. Ils admettent la possibilité d'obtenir un texte, même sans adjoindre un crayon à l'ardoise ou au papier. Le tout est de savoir où l'Esprit a trouvé l'instrument qui lui sert à écrire (?). Allan Kardec répond à cette interrogation. Les signes, les mots sont, le plus souvent, écrits « avec une substance grisâtre analogue à la mine de plomb, d'autres fois avec du crayon rouge, de l'encre ordinaire et même de l'encre d'imprimerie ». Et il ajoute : « Voilà le fait dans toute sa simplicité. »
Est-ce donc si simple que cela ? L'auteur le croit puisqu'il assure : « L'esprit peut fabriquer du crayon rouge, de l'encre d'impression ou de l'encre ordinaire aussi bien que du crayon noir... » C'est là une assertion hardie et que nous n'avons pas loisir de discuter.